Même en ces temps d’incertitude face à la perspective du Brexit, l’insolente réussite économique de la capitale britannique, son spectaculaire dynamisme et sa créativité flamboyante sautent aux yeux des visiteurs. Mais cette vision idyllique cache une autre réalité : dans cette immense métropole grouillante d’activité, le fossé entre les riches et pauvres ne cesse de s’élargir. 50% de toute la richesse de Londres est aujourd’hui possédée par 10% de la population. Tout le monde n’est pas un trader de la City, ni un artiste à succès, et les dernières statistiques officielles 2016/2017, qui viennent d’être publiées, montrent que plus de 2 millions de londoniens vivent sous le seuil de pauvreté, soit 27% des habitants. Cela concerne notamment 1,4 million d’actifs et 200 000 retraités. Pourtant, le taux de chômage est ridiculement bas, le travail ne manque pas, mais il est bien souvent trop mal payé : 58% des londoniens pauvres en âge de travailler ont un emploi, et même parfois deux, voire trois, pour pouvoir boucler les fins de mois. Il faut aussi prendre en compte le prix absolument exorbitant des loyers, les tarifs des transports publics et le coût de la vie en général. Au XVIIIe siècle, un proverbe anglais affirmait : « Quand on est jeune, riche, cultivé et en bonne santé, Londres est la ville la plus merveilleuse du monde ». On pourrait en dire autant aujourd’hui.
Serge Van Den Broucke